Epeugney,
14-24 Août 1992

   
 

Exposition Christophe Roussel

A la minute où vous franchirez le seuil de cette exposition, votre première impression sera question d'humeur. Peut-être n'y verrez-vous que du feu, ou de jolies idées, ou de vagues rêves en couleurs. Pourtant, si vous prenez le temps de vagabonder sur ces toiles, de respirer un peu de leur lumière, peu à peu vous ferez délicatement connaissance avec Christophe Roussel ...
Peindre, c'est d'abord être libre, s'exposer au public, c'est ne pas craindre de montrer ses faiblesses. Ce n'est pas pour le jugement que Christophe s'exprime, mais pour l'amour, et l'amour est bien souvent contraire au jugement. L'amour est confiance et désir, c'est lui qui lui donne la force de créer. Qu'il nous fasse faire aussi de belles choses ! Car toutes choses faites avec amour sont belles. Tant de richesses demeurent cachées par crainte du jugement.
Sa peinture fait partie de la vie. Elle trahit souffrances, joies, espoirs, étonnements. Elle est surtout mouvement, car la vie elle-même est mouvement. Chacun y verra miroiter un petit reflet de son histoire. Les titres des tableaux ne sont que des indications, comme les mots d'un oracle qui cherche à décrypter le sens caché des songes. A nous de les traduire dans notre propre langue de songeur...
Certains chercheront sans doute à faire des comparaisons, à retrouver ici et là une école ou un style, à classer ses œuvres dans des genres. Si vous trouvez ses peintures surréalistes, c'est que vous l'êtes vous-même. Si elles vous semblent visionnaires, c'est que vous êtes sensible à sa vision. Vous les trouvez impressionnistes ? Gardez votre impression. Mais elles sont tout autant réalistes, car elles sont sa réalité. Et plus encore figuratives, car elles le représentent et décrivent avec la plus grande précision son monde intérieur.
La peinture est matière, comme notre chair et notre sang. Chaque couleur a son tempérament, chaque coup de pinceau est une note de musique, il dépend du peintre qu'elles deviennent chaos ou harmonie. L'harmonie de l'image appelle celle des sentiments, encore plus changeante et plus mystérieuse. La haine, la jalousie ne font pas partie des couleurs de
Ghrisiophé Roussel. Sa peinture est, d'une certaine façon, une leçon de pureté qu'il se donne sans cesse à lui-même : heureux les peintres qui sont comme de petits enfants...

Yves MASSIN | Photographe


 

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